J'ai toujours vécue ici, à Carnac. Je suis même née dans cette ville. La quitter un jour ? Impossible. Cette ville m'est trop chère et, la quitter, je ne pense pas que je le pourrais. Du moins, s'il le fallait vraiment, je le ferais. Mais à l'heure d'aujourd'hui, c'est hors de question. Je suis née le 12 mars 1988 aux alentours de deux heures du matin. C'est très intéressant, je sais. Mais bon, faut dire que, dès mon plus jeune âge, j'aimais embêter mes parents. Née en pleine nuit, c'était certainement pas le moment rêvé, pas vrai ? Enfin, comme je le disais, j'ai toujours su comment embêter mes parents. Je n'étais pas spécialement une peste. Juste une petite fille qui aimait s'amuser.✘✘✘✘✘✘✘✘✘✘✘✘✘✘✘
« ELWYNA-SOIZIC MENEZ, VIENS ICI TOUT DE SUITE. » Je n'avais que huit ans à cette époque, et une fois encore, je venais de faire ce qu'on appelle une grosse bêtise. Enfin, ma première intention, à l'époque n'étais pas de faire une bêtise. Sauf que rien ne s'était passé comme prévu, évidemment. J'avais alors rejoint ma mère, qui se trouvait dans la cuisine à ce moment précis. Arrivée dans la cuisine, les mains derrière le dos, j'avais pu voir une maman toute énervée.
« Tu pourrais m'expliquer pourquoi la cuisine est toute blanche ? » Je me rappelle encore qu'à l'époque, je m'étais retenue de rire en me mordillant la lèvre. Puis, j'avais baissé la tête, en regardant le sol.
« Je.. Je voulais faire un gâteau maman. Mais c'est pas de ma faute, j'ai voulu attraper la farine sur l'étagère et puis, elle est tombée toute seule. J'te jure, j'ai pas fait exprès. » En effet, pendant l'après-midi, j'avais décidé de faire un gâteau. Ouais, j'avais huit ans mais ma seule envie, ce jour là, c'était de faire un gâteau. Bref, en voulant attraper le paquet de farine donc, celui-ci était tombé sur le sol. Le paquet s'était éclaté bien sûr et un nuage de farine était alors venu décorer la pièce. Regardant ma mère, je me rappelle encore d'avoir jouée de ma moue boudeuse afin qu'elle ne s'énerve pas plus. Et puis, de toute façon, elle m'avait crue donc, elle n'aurait pas été cherchée plus loin.
« La prochaine fois, dis-le moi chérie. D'accord ? Tu es encore trop petite pour faire un gâteau toute seule de toute façon. » « Mais c'est pas juste, maman ! J'suis toujours trop petite moi ! » Après cela, ma mère avait éclater de rire, disant que, de toute façon, j'avais le temps de grandir et que plus tard, je me plaindrais d'être trop vieille.
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Mis à part les petites bêtises que je pouvais faire et qui rendait ma vie disons, plus intéressante, mon enfance n'a jamais été passionnante. Je mangeais, j'allais à l'école, je faisais mes devoirs, je jouais et je dormais. Ah et sans oublier que je passais mes dimanches après-midi chez la grand-mère. Ouais. Très passionnant. Disons que ma vie a commencé à être plus passionnante au lycée. Nouvelles rencontres, nouvelles amitiés et autres. Enfin, premières vraies conneries aussi. A seize ans, je faisais le mur et je fumais un peu aussi. Enfin, j'ai arrêté de fumer depuis. Je sortais tous les samedis soir, en général. Et puis, pendant mes années lycée, j'ai aussi eu ma période
je-m'en-foutiste. Je n'écoutais plus mes parents, ne faisait même plus mes devoirs. Enfin, que des choses dans le genre, histoire de provoquer les personnes qui m'entouraient. Cette période – la période du lycée, hein ! Pas du
je-m'en-foutiste – n'a duré que trois années et heureusement ! Après cela, je pris rapidement le chemin de la fac comme beaucoup d'autres.
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Mes premiers mois à la fac furent éprouvant. Prendre le rythme était dur. Mais une fois prit, tout allait pour le mieux. Du moins, jusqu'à ce que je rencontre Maxime. Maxime était un lui aussi étudiant, à la fac. Il était (et l'est toujours, surement) parisien. On partageait quelques cours ensemble ce pourquoi, en dehors des cours, je passais quelques heures avec lui. Rapidement, on s'est retrouvé ensemble, dans un lit. Et puis, quelques semaines après, nous étions officiellement ensemble. C'était le bonheur. Enfin.. Jusqu'à ce certain jour de février. J'avais pas encore dix-neuf ans. Je me souviens encore de ce jour, il pleuvait tandis que moi, j'étais en pleurs. Je l'avais appelé et rapidement, Maxime m'avait rejoint.
« Je.. C'est pas simple c'que je vais te dire, ok ? Dis moi que tu t'énerveras pas et que tu resteras.. » A ce moment précis, Maxime me regardait bizarrement, se demandant ce que j'avais.
« Mais qu'est-ce qui t'arrive ? Dis le moi au lieu de me sortir de longues phrases là ! » « Je.. Je suis enceinte. » Je me souviens encore du regard qu'il m'avait lancé à ce moment-là. Il pensait certainement que c'était une blague.
« Pardon ? Mais.. Mais c'est impossible ! » « La preuve que si. Je mens pas, Max. » Après cela, il s'était énervé et disait que, de toute façon, c'était de ma faute. Bien sûr, oui. Comme si je voulais un enfant à dix-neuf ans. Depuis ce jour aussi, je ne l'ai jamais revu. Du jour au lendemain, il était parti. Me laissant seule et enceinte. J'avais beau essayé de l'appeler, il ne répondait pas. C'était terminé. Heureusement pour moi, mes parents ont été là pour moi. Sinon, je ne sais pas ce que j'aurais pu faire.
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« MAMAAAAAN ! » Marchant vers une pièce voisine de mon appartement, j'arrivais enfin dans la pièce qui me séparait de la personne qui venait de m'appeler. Cette personne était bien sûr, ma petite fille. Enora. Elle était née en novembre de l'année de mes dix-neuf ans. Tandis qu'à présent, elle allait bientôt avoir quatre ans. Tout comme moi, ma fille était tout aussi blonde. Elle me ressemblait en beaucoup de points. Bien sûr, elle ressemblait quelques peu à son père mais depuis, j'avais su l'oublier. Depuis qu'elle est née, j'avais décidé de ne jamais mentir à ma fille, quant à son père. A savoir que ce n'était qu'un lâche qui n'assumait pas ses actes. Depuis, j'ai bien sûr, lâché mes études et j'ai pu trouvé un travail. Aujourd'hui, je suis vendeuse dans une boutique de vêtements. Dans Carnac, bien sûr.
« Qu'est-ce tu as, mon cœur ? » « Regarde mon dessin ! » « Il est magnifique mon cœur. » Alors qu'elle était en train de dessiner sur la table basse du salon, je m'étais abaissé, afin d'être à sa hauteur. Puis, après avoir regardé son dessin, je déposais mes lèvres sur son front, lui faisant un léger bisou. C'était ma petite fille et je ne regrettais absolument pas de l'avoir gardée.
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Assise depuis deux heures dans un bar, j'avais laissé ma petite fille à mes parents. J'avais, le temps d'une soirée, besoin de changer d'air. Une amie m'avait proposé qu'on se rejoigne ici, dans ce bar. Deux heures que je l'attendais et je savais très bien qu'elle ne viendrait pas. Me prévenir aurait été la moindre des choses mais apparemment, non, cela ne lui avait pas traversé l'esprit. Sympa. Bref, malgré tout, j'avais décidé de rester un peu. « Depuis quand c'est courant de voir une jeune femme dans un bar, seule ? » Je tournai la tête, vite fait et aperçu un jeune homme. Il ne devais pas être plus vieux que moi.
« Depuis qu'une de ses amies l'a planté. » « Sympa. Rémy et toi, tu es.. ? » « Pas intéressée. » avais-je alors répondu, lâchement.
« Désolée. Elwyna. » « Joli prénom. » Et puis, bêtement, j'avais souris. Et puis, au final, à la place de passer ma soirée avec une amie, je l'avais passée avec un parfait inconnu.