« Kadvael et Maï » Encore une soirée passée ensemble, seuls dans la maison, à regarder la TV comme deux abrutis. C'est un peu ce qu'ils sont non ? Deux abrutis. En même temps, qu'est-ce que vous voulez faire un mercredi soir quand vous bossez le lendemain ? Surtout qu'en tant que maquilleuse, il ne faut pas avoir une cerne à planquer sous une tonne de fond de teins. Ils ont donc encore passé la soirée à s'abrutir devant la télé, regardant un film sur Canal + à la demande. Puis à la fin de leur film, ils étaient monté se coucher, comme d'habitude. Kadvael avait pris l'habitude depuis peu de presque venir vivre chez Maï un soir sur deux ou trois, suivant son travail au garage. Il était donc encore venu passer la soirée avec Maï. Un plat de chips, un de pop-corn avec deux bouteilles, une de vodka et une de whisky sur la table devant eux en guise de repas. Oui, c'était ça ce qu'ils mangeaient habituellement durant ce genre de soirée. Par flemmardise puis aussi parce que cuisiner, même des trucs tout simples, c'est chiant. Mais booooooon, on est pas là pour un cours de cuisine hein ! Après avoir terminé leur film, ils étaient monté se coucher, un peu comme d'habitude. La seule chambre encore utilisée dans la maison était celle de Maï. Elle avait trop peur de retourner dans celle de son frère et encore plus dans celle de sa mère, morte depuis peu. Seule la femme de ménage venait s'occuper du ménage. Comme Maï avait donc la seule chambre encore habitée, ils dorment ensemble, comme depuis qu'ils sont meilleurs amis en fait. Il n'y a jamais eu de gênes entre eux. Maï n'étant pas tellement pudique, elle n'avait eu aucune honte à prendre sa douche un jour avec Kadvael quand ils avaient 12/13 ans. Donc dormir ensemble n'est plus vraiment un problème après ça. Ils étaient donc montés se coucher, pas trop tard à cause de leur boulot. Maï avait pris une douche rapide avant de laisse la salle de bain à Kadvael et de se mettre au lit. Elle ne l'entendit même pas venir se coucher tellement elle était épuisée. Son travail n'était pas vraiment très dur mais bon, quand on ne dort pas beaucoup la nuit, un travail devient tout de suite beaucoup plus fatiguant. Il était plus de deux heures du matin quand Maï se réveilla en sursaut. Encore un cauchemars qui venait la hanter la nuit. Son frère, jouant avec elle, puis sa mère, pleurant son frère mort, puis sa mère, livide et blanche dans sa baignoire pleine d'eau. Toujours la même chose. Elle n'en pouvait plus. Elle se leva, comme chaque nuit, essayant de ne pas réveiller Kadvael qui dormait de plus en plus mal quand il venait chez elle à cause justement de ses cauchemars. Elle se dirigea vers la salle de bain pour se passer un peu d'eau sur le visage. Elle se regarda dans le miroir, un véritable zombie. Elle ne sortait plus que pour aller travailler, enfin, presque. Le reste du temps, elle le passait comme elle pouvait. Après quelques minutes de contemplation, elle décida de s'habiller. Oui, totalement logique quand il est deux heures du matin. Elle retourna dans la chambre où Kadvael dormait toujours. Le pauvre. Elle le faisait enduré des nuits sans sommeil à cause de ses cauchemars, elle se sentait terriblement fautive de son manque de sommeil. Elle se dirigea a pas feutré vers son armoire où elle prit un vieux jeans et un tee-shirt qu'elle avait pris dans la chambre de son frère avant que cette dernière ne soit "interdite". Elle sortit de la chambre et s'habilla dans le couloirs. Elle s'attacha les cheveux avec une vieille pince qu'elle chopa dans la salle de bain et descendit mettre ses vieilles converses toutes crades. Elle les enfila et sortit de sa maison, en laissant la garde à Kadvael. Elle se dirigea presque automatiquement vers le cimetière. Disons que c'était comme un refuge pour elle. Son frère et sa mère y étaient enterré, l'un à côté de l'autre. Il y avait écrit le nom de son père mais son corps était encore au fond du pacifique. Le cimetière n'était pas tout proche de la maison, il lui faudrait une demi-heure de marche avant d'y arriver, et encore, sans trop se forcer.

Kadvael avait encore passé la soirée chez Maï, comme souvent depuis quelques temps mais il ne pouvait pas dire que ça le dérangeait. Passer une soirée avec sa meilleure amie était par définition une bonne soirée et même si ils étaient restés devant la TV, il était bien heureux de l'avoir à ses côtés. La soirée c'était donc déroulée du plus tranquillement possible jusqu'à ce qu'ils aillent se coucher, boulot le lendemain oblige et lui il ne voulait pas arrivé en retard et il voulait surtout bien dormir pour être d'attaque et ne pas se faire remonter les bretelles par son patron. Kadvael et Maï étaient donc allés se coucher dans le même lit, ce qu'ils faisaient depuis des années en fait et eux ça ne les choquaient pas même si d'autres personnes devaient penser qu'il se passer autre chose à part dormir. Enfin bref, parfois les gens sont stupides. Le jeune homme s'était endormis rapidement, il fallait avouer qu'après le film il était presque tombé de fatigue et une fois dans le lit, la tête sur l'oreiller il avait sombrer comme si il n'avait pas dormit depuis trois jours. Il dormait bien même, profondément et sûrement même qu'il rêvait, de quoi ça, lui seul le sait. Il ne comprit d'ailleurs pas tout de suite pourquoi il n'y avait plus de corps chaleureux près de lui, au début il se disait que ça allait revenir mais cette absence finit par le déranger. C'est comme un petit truc, il suffit qu'il soit pas à sa place pour que ça vous perturbe plus que ce n'est nécessaire. Là c'était un peu pareil pour Kad', quelque chose le perturbait mais étant encore dans le brouillard il ne devinait pas quoi. Il prit donc le temps d'ouvrir les yeux avant de tourner la tête vers la place de Maï, vide. Le blond resta un moment à considérer l'espace laissé vide, allait-elle revenir? Visiblement non il n'entendait pas un seul bruit dans la maison. Où était-elle ? Ça c'était la grande question, et puis il comprit. Elle ne pouvait être allée que là-bas, au cimetière, c'était pas la première fois qu'elle lui faisait le coup et il n'avait pas envie de la laisser érrer seule jusque là-bas, on sait jamais sur quel détraqué elle pouvait tombé. Se levant donc d'un bon, Kadvael se saisit d'un jean et d'un T-shirt qu'il enfila avant d'attraper une veste au passage qu'il enfila en dévalant les escaliers. Peut-être qu'elle n'était pas trop loin et qu'il pourrait la rattraper. Un petit footing en pleine nuit ça peut être sympa non ? Il sortit donc de la maison et prit le chemin du cimetière en courant, heureusement il ne pleuvait pas sinon ça aurait donné une tournure dramatique à cette scène. Il finit par la rattraper en quelques minutes, elle avait bien marché la petite ! Arrivant à sa hauteur il reprit l'option 'marche' essoufflé, mais il l'avait trouvée. - Quand tu sors du lit, met une bouillotte que ça me perturbe pas. Le jeune homme tourna la tête vers Maï et lui fit son plus beau sourire avant de passer son bras par dessus les épaules de sa meilleure amie. Il ne savait pas encore pourquoi elle était partie en pleine nuit mais il comptait bien le savoir, cependant il pensait que c'était la même raison que les fois précédente. Mais le minimum entres amis c'est de demander ce qui se passe non ?

Elle avait quitté sa chambre, sa maison, laissant le tout à son meilleur ami et elle marchait, marchait, marchait en direction de nul part. Non pas nul part, en direction du cimetière en fait. Ce n'était pas la première fois qu'elle y allait mais elle n'y avait jamais été de nuit. C'était plutôt le jour, après le travail ou le matin, avant. Mais elle n'avait jamais essayé la nuit. Heureusement qu'il ne faisait pas trop froid et qu'il ne pleuvait pas, ça aurait fait sinistre sinon. Elle n'avait pas peur. Non. En fait, elle était dans une sorte de transe où elle ne voyait pas vraiment ce qu'il se passait autour d'elle. Elle était trop fixée sur le droit devant elle. Elle voulait aller au cimetière, elle devait y aller. Tant pis si elle avait froid, tant pis si elle était suivie, tant pis si elle pouvait se faire agresser au coin de la prochaine rue. Elle n'avait pas peur. Elle était prête à tout pour y aller. Après quelques minutes de marches, elle sentit une présence derrière elle. Enfin, vous savez, c'est ce qu'on ressent quand il y a derrière nous quelqu'un qu'on connaît. Ça arrive souvent quand on marche dans la rue et que cette même rue est fréquenté de bon nombre de nos connaissances. Enfin, elle ne s'arrêta pas pour autant. Non, elle n'avait pas besoin de s'arrêter. Puis, quelqu'un parla. Cela la fit sortir de ses pensées, ses réflexions. « Quand tu sors du lit, met une bouillotte que ça me perturbe pas. » Cette voix, elle l'aurait reconnue entre mille. Elle la connaissait tellement bien. Elle l'avait même entendue évoluer, muer. Elle la connaissait presque depuis toujours en fait. Kadvael se trouvait à son côté, marchant, un peu essoufflé. Il avait sûrement couru pour la rattraper. Il était adorable quand même mais pourquoi était-il venu la retrouver au milieu de la nuit et surtout pour aller au cimetière ? Elle s'en fichait un peu en fait. Tant qu'il était là. Il passa son bras autour de ses épaules. Elle sentit la chaleur de son corps émaner de son bras. Il avait bien couru puisque la température de son corps avait augmenté. Elle tourna la tête vers lui. « Désolé, j'y penserais la prochaine fois. » Elle lui sourit et ils continuèrent de marcher. Sans le sentir vraiment, elle se sentait mieux maintenant qu'il était là. Quand elle était avec lui, elle se sentait en sécurité. Elle se sentait bien. Elle savait qu'il la protégerait. Elle savait aussi qu'elle était assez ingrate avec lui. Elle le faisait souffrir depuis que Lanwenn était mort, depuis que sa mère était morte. Il subissait ses crises de larmes, ses cauchemars, ses terreurs la nuit, le jour, tout le temps. Mais elle ne savait pas comment faire pour se faire pardonner. « Tu vas être crevé demain, encore à cause de moi. Tu diras à ton patron que c'est de ma faute hein ? » Elle avait parlé tout en regardant le vide. Elle savait très bien qu'il ne le dirait pas à son patron mais le simple fait qu'elle entende une réponse affirmative sortant de sa bouche la rassurerait. Au bout d'une dizaine de minutes, ils arrivèrent devant les grilles du cimetière. Maï s'avança et poussa la grande grille en fer forgée qui s'ouvrit dans un petit grincement. Automatiquement, elle partit vers la tombe familiale. Elle s'accroupit face au nom de son frère et enroula les bras autour de ses jambes. C'était toujours comme ça. Elle s’accroupissait, enroulait ses bras et se mettait à pleurer. Mais pourtant, ce soir, elle ne pleurait pas. Elle fixait juste le nom de son frère. Il lui manquait terriblement. Cela faisait 5 ans depuis peu qu'il était partit. Elle le sentait toujours près d'elle. Parfois, elle voyait son visage d'ado en rêve. En se réveillant brutalement de ses cauchemars, elle le voyait comme un fantôme face à son lit, souriant, heureux. Elle savait qu'il devait être heureux là haut. Que toute sa famille était heureuse mais ils lui manquaient tous. Même son père qu'elle n'avait jamais considéré comme tel.