Je m'étais levé tôt afin de ne pas avoir à faire à ma femme. Femme était peut-être un grand mot, je ne la considérais pas comme telle, c'était juste une fille que mon père m'avait forcé à épouser. Ainsi, je descendis rapidement dans la cuisine pour me boire un café rapide et manger une brioche. Je pris quelques petites tranches en plus en les enveloppant dans de l'aluminium avant de les mettre dans mon sac qui comportait mes croquis et mes crayons. Je comptais mettre mes talents de peintre à l'épreuve pendant toute la matinée à la plage de Saint Colomban. Il faisait beau et une petite brise s'était levée. Il n'était que sept heure et demi et toute la ville se réveillait progressivement. Je marchais dans les rues d'un pas monotone. Je soupirais déjà à ce qui m'attendrait le soir de mon retour, une épouse qui me scanderait aux oreilles d'avoir un bébé. Je ne voulais pas d'un enfant, je ne l'aimais pas. Oui j'étais quelqu'un à l'eau de rose qui aimait dire je t'aime à l'élu de son cœur. Cela avait fait beaucoup rire mon frère ainé par le passé, en déclarant même que je n'étais pas viril. Il avait pendant plusieurs jours, après le départ de Eleanor, joué avec ma sensibilité en m'offrant une trentaine de paquets de mouchoirs. Mon père m'avait dit qu'un homme de notre famille ne devait pas se comporter comme une fillette, c'était ainsi que je m'étais renfermé dan ma peinture, peignant mes états d'âme. Je ne devais rendre de compte à personne, ni même à ma femme et c'était pour ça que j'adorais m'isoler sur un des nombreux rochers du Saint Colomban où personne ne pouvait m'atteindre.

Justement, je me sentais apaisé par cette tranquillité. Une couple de personnes âgées se balada main dans la main et je trouvais ça magnifique. Je me concentrais sur un croquis de la mer et de son horizon, une brioche en bouche. J'avais de la chance qu'il faisait beau. Il devait être près de dix heures trente. Un croquis de fini, j'aperçus une petite fille courir pieds nus dans les vagues en riant. Elle était jolie et je ne pus m'empêcher de sourire malgré moi. Je pris un fusain avant de la dessiner sur mon carnet, j'adorais cette joie de vivre. Au bout de dix minutes, relevant mon regard, j'aperçus une silhouette trop familière pour ne pas m'en rendre compte. Mon fusain dérapa, le dessin était gâché et mes mains tremblèrent. Elle était là. Celle dont j'avais toujours rêvé de revoir le visage et de la serrer dans mes bras. Or, je restais stoïque, j'aurais même pu en tomber à la renverse. Elle n'avait pas changé. Mon fusain tomba entre deux rochers et j'entendis un léger ''plouf''. Merde. J'essayais de le récupérer, en vain je tenais à mon bras et je ne voulais pas passer pour un crétin au bras bloqué. Et si ce n'était pas elle finalement. Non, il y avait eu cette lettre, lettre caché dans un fouillis de papier où Juliette n'oserait pas chercher. « Pitié faites que je ne rêve pas... » Murmurais-je en gardant mes yeux rivés sur sa silhouette.

Je me levais prenant soin de ne pas glisser sur les rochers. Je rangeais mes affaires et tandis que j'avançais vers elle je me demandais si tout ça était réel. Elle souriait à cette petite fille, mon cœur battait à tout rompre. Je la désirais tant de la retrouver depuis trois ans et demi, lui dire qu'elle compte tellement pour moi. Cet anneau à mon doigt pèse trop lourd sur mon petit cœur. Arrivé près d'elle je murmurais juste son prénom, emporté par les vagues: « Eleanor... »

« Plus de trois années écoulées et pourtant je n'ai jamais réussi à t'oublier... » ROMAN&ELEANOR

Dix jours, cela faisait dix jours que j'étais arrivée dans cette ville. Carnac? J'avoue que je ne connaissais pas cette ville il y a encore quelques semaines. Je suis anglaise, je suis née à Londres et y ai presque toujours vécue. Je dis presque car, lorsque j'ai fini le lycée à 17 ans, je suis venue faire mes études de photographie Brest. J'aurais très bien pu les faire sur Londres, mais j'avais toujours eu envie d'étudier en France afin d'y perfectionner mon français. Je connais un peu la Bretagne, du moins Brest et ses alentours. J'ai tout de même vécue trois ans de ma vie là-bas. J'ai vraiment apprécié cette période de ma vie, j'étais jeune, insouciante, j'étudiais ce qui me passionnait depuis toujours, j'ai rencontré des personnes géniales, et en plus de ça, j'ai rencontré l'amour. J'étais peut être venue pour étudier mais pourtant j'ai eu le temps de tomber amoureuse. Un jeune homme d'un an mon ainé qui lui étudiait la peinture, à croire que l'Art ça rapproche. Tout allait pour le mieux, je l'aimais vraiment, ce fut mon premier et unique amour. Malheureusement les histoires ne se terminent pas toujours comme dans les films à l'eau de rose. Après mes études, je devais repartir pour Londres. J'avais l'impression qu'on m'arrachait mon cœur, mais j'ai essayé d'être la plus forte possible. J'avais une proposition de travail sur Londres, et je devais partir, avec mes parents nous nous étions mis d'accord, une fois mes études terminées je devais rentrer. Et une fois rentrée sur Londres, j'appris peu de temps après que j'étais enceinte. J'avais à peine vingt ans, j'étais jeune, j'avais toute la vie devant moi et pourtant je n'ai pas pu me résoudre à avorter, ou à abandonner cet enfant. Cette grossesse, ce futur enfant était le fruit de notre amour, mais je ne le lui ai jamais dis. Depuis que nous nous sommes séparé à l'aéroport, je ne lui ai plus donné de nouvelle, j'ai peut être été égoïste, mais à quoi ça servait de lui parler de ma grossesse alors qu'il serait forcé de rester en France et moi en Angleterre? Je ne voulais pas l'inquiéter, ou le paniquer, il valait mieux que Roman m'oublie, et moi aussi il fallait que je l'oublie. Ma fille Lily à trois ans maintenant et je n'ai jamais réussi à oublié le père de ma fille. Comme je l'ai dis, c'est mon premier amour et je pense qu'un premier amour ça ne s'oublie pas. L'histoire que nous avons vécue était tellement belle, tellement forte... Impossible de tourner la page. Mes parents sont décédés il y a plusieurs semaines maintenant, et cela m'a ouvert les yeux, moi aussi je voulais former une famille, pour ma fille mais aussi pour moi. Voilà l'explication de mon arrivée ici, la folie et l'amour. J'ai obtenue la nouvelle adresse de Roman grâce à son frère, c'est alors que j'ai appris qu'il a quitté Brest pour Carnac, mais j'ignore pourquoi. En tout cas, il n'a pas quitté la Bretagne, je sais que cette région lui a toujours tenue à coeur. Comment ne pas trouver cette région magnifique? Même moi j'en étais tombée amoureuse pendant mes études. J'ai donc envoyé une lettre à Roman, une lettre pas très longue je l'avoue, j'avais pourtant pleins de choses à lui dire, cela fait plus de trois ans qu'on ne s'est pas vu, pas parlé, et pourtant je ne lui ai écris que quelques lignes. Je lui ai expliqué que malgré les années je n'ai pas pu me résoudre à l'oublier, qu'il me manquait, que je voulais le revoir, et que c'est son frère qui m'a transmis sa nouvelle adresse. Bien sur, je n'ai pas du tout parler de Lily, je pense qu'annoncer qu'il est père, ça ne se fait pas par lettre, je préfère le lui dire en personne d'où mon arrivée ici. Bien sur Lily est venue avec moi mais aussi ma meilleure amie qui m'a toujours soutenue et épauler. J'étais venue pour lui à Carnac, mais je n'avais pas encore trouvé le courage de venir le voir. J'étais déjà venu devant chez lui, mais je m'étais vite sauvée. J'angoissais trop, je ne savais pas trop quoi lui dire après plus de trois ans et demi de silence. Dans les prochains jours je savais qu'il faudrait que j'aille le voir, j'attends juste un peu... Ce qui me faisait peur c'était de le voir avec une autre, ça me faisait peur, car oui c'était une possibilité à envisager, je ne l'avais pas oublié en trois ans mais peut être que lui l'avais fait et je ne pourrais pas l'en blâmer malheureusement...

Ce matin, j'ai eu le droit à un réveil bien matinal, Lily s'était couchée relativement tôt donc elle était debout la première et ne s'est pas gênée pour sauter dans mon lit, afin de me réveiller. Aujourd'hui ma fille avait eu l'envie de venir à la plage. Elle n'avait jamais vraiment eu l'occasion de pouvoir y venir. A Londres, il n'y a pas vraiment de plage... Bien sur je l'avais déjà amené quelques fois à la piscine mais c'est tout. Alors il faut dire que lorsque nous sommes passés à côté de la plage il y a quelques jours elle voulait y aller mais le temps ne s'y prêtait pas vraiment. Aujourd'hui le soleil était présent mais l'air avait l'air d'être frais, mais après tout à Londres j'avais le droit à bien pire. Laissant ma meilleure amie dormir, j'avais préparé le petit déjeuner à ma princesse, le plat le plus important de la journée, interdiction qu'on sorte le ventre vide. Puis nous nous sommes douchées et préparées. Puis nous voilà partie pour la plage, il était dix heures passées. Je ne connais pas encore bien cette ville, je viens d'y arriver, mais j'avais vite repéré la plage. Après vingt minutes de marche, nous étions arrivées à la plage, il n'y avait quasiment personne et c'était normal il était encore relativement tôt. A peine arrivée, ma fille voulait se rendre à l'eau. L'eau était certainement bien fraiche, je voulais qu'elle n'y trempe que ses pieds pour le moment. Moi aussi j'avais retiré mes chaussures pour marcher plus aisément sur le sable. Lily m'avait bien devancé, sautant sur l'eau, son pantalon devait être trempé, heureusement j'avais pris des vêtements de rechange dans mon sac. D'ailleurs j'en profita pour sortir mon appareil photo de mon sac. Même si je ne vivais pas de cette passion pour le moment, j'appréciais toujours la photographie. Je prenais ma petite fille en photo, elle était si jolie, sans vouloir me vanter, peut être que ce sont les yeux de l'amour. Cette expédition à la plage avait l'air de lui faire vraiment plaisir, vu le sourire qu'elle affichait. C'est alors que je sentis une présence derrière moi, croyant entendre mon prénom je m'étais retournée, loin de m'imaginer qu'il s'agirait de lui... C'était Roman qui se trouvait face à moi, il n'y avait aucun doute, il n'avait pas changé depuis ses années, si il faisait peut être encore un peu plus homme, mais c'était lui je le savais. Je l'avais regardé un petit moment en silence avant de lâcher à mon tour :

« Roman... »

Je ne savais pas vraiment quoi dire ni quoi faire. Cette rencontre n'avais pas du tout été prévue, je voulais venir tranquillement chez lui et sans Lily la première fois, et là j'étais totalement prise au dépourvue, avec ma fille jouant pas très loin de nous, enfin, notre fille plus exactement. Je ne savais pas trop comment il allait réagir, mais j'en avais bien trop envie pour me retenir. Je fis un pas vers lui, pour venir le prendre dans mes bras, cela m'évoqua de vieux souvenirs, mon cœur s'était accéléré. Cela faisait tellement longtemps... Je me souvenais du jour où nous nous étions quitté à l'aéroport, c'était lui qui ne voulais plus me lâcher, je me sentais bien, je retrouvais son odeur, et pourtant je réussis à me détacher de lui.

Je n'aurais jamais cru la revoir, du moins pas sur cette plage. Il y en avait cinq à Carnac et on se retrouvait sur la même... Ironie du sort n'est-ce pas? Je ne savais pas comment réagir face à une telle situation. Je l'avais attendu, j'avais toujours espéré qu'elle foule une nouvelle fois le sol français. Je m'étais imaginer une vie à deux, une vie ensemble où l'on aurait pu compter sur l'un comme sur l'autre. Une vie paisible, mais non. Elle était partie, j'aurais voulu prendre un billet pour Londres, la suivre mais cela avait été foncièrement impossible. Mon paternel voulait que mon frère ainé et moi soyons prêt à reprendre en main l'entreprise familiale. Ainsi, j'avais du mettre de côté mes pinceaux, mes toiles et me plonger tête la première dans les livres abordant l'économie. Ennuyeux sujet. J'étais plus à dessiner le visage d'Eleanor que de calculer des pourcentages. Je vivais dans un monde bucolique que j'avais créé et mon père m'avait juste remis les pieds sur Terre quand un soir je me retrouvais au pied du mur avec une fiancée dont je ne voulais pas. Deux ans que monsieur le curé nous avait marié et je ne m'habituais pas à cette vie de mari et femme. Des sourires de ma femme qui me demandait si je n'avais besoin de rien, si tout allait bien. J'avais l'impression d'avoir quatre ans. Ne supportant plus l'atmosphère de Brest qui commençait à me faire suffoquer entre un beau-père trop présent, un père se monopolisant sur les finances et une femme qui ne voulait jamais me quitter, j'avais décidé de déménager dans une charmante petite maison à quelques pas de la mer. Je respirais un peu plus mais ce n'était pas suffisant.

A ce moment précis j'avais l'impression de manquer d'air. De suffoquer. Je voulais toucher sa peau, mais j'avais peur qu'elle s'évapore tel un mirage. Je n'osais rien dire, elle était belle. Elle avait fait un pas en ma direction et je n'avais pas bougé quelle courge! J'aurais du la prendre dans mes bras, respirer son parfum qui m'avait tant enivré par le passé. Je tendis mon bras avant de renoncer, je ne pouvais pas réagir ainsi. De plus, j'avais le sentiment que j'aurais fait une énorme bêtise, l'embrasser. J'avais juré fidélité à Juliette et pourtant tout ce que je voulais c'était prendre la main de ma Eleanor et de fuir cette ville, cette région. Je voulais juste que ce soit elle et moi et... je me sentis me faire éclabousser avant d'entendre le rire cristallin d'une petite fille. C'était la petite fille dont j'avais essayé de dessiner le portrait quelques minutes auparavant. Je ne disais rien, je la regardais, elle était encore plus mignonne vue de près. Je reporta mon regard vers Eleanor. « J'ai reçu ta lettre. » J'avais décidé de parler, bizarrement je ne parlais pas de cette petite fille. Sans doute qu'elle gardait cet enfant pour se faire un peu d'argent, cette hypothèse n'était pas absurde. Je tenais toujours mon attirail d'artiste en la regardant. Je ne savais même pas par où commencer tellement l'émotion me prenait. Trois ans et la plaie du départ n'avait jamais cicatrisé. Je décida de poser mes affaires sur le sable avant de reprendre le fil de ma conversation. « Tu as des choses à me dire je crois... »

Je l'observais, elle n'avait vraiment pas changé. Ça me torturait. Je voulais tellement la serrer dans mes bras et lui dire combien elle m'avait manqué, mais je ne pouvais pas, foutu alliance qui pesait lourd à mon doigt et à ma conscience. Je passa une main dans mes cheveux, soupirant avant de faire quelques pas sur le sable. « J'aimerais tellement te prendre dans mes bras... » Je fermais les yeux, je ne voulais pas être un époux malheureux voulant tromper sa femme. Je n'avais jamais tromper personne. « ...mais je ne peux pas. » Fis-je dans un murmure avant de remarquer que la petite fille me fixait. Ça me gênait, surtout que j'avais beau la regarder, plus je me disais que... Non ce n'était pas possible. Eleanor m'aurait prévenu de ce genre de situation...

Les chances de se retrouver au même endroit à la même heures étaient vraiment minimes. Carnac n'était peut être pas une grande ville comme Londres mais tout de même. Pleins de souvenirs me revenaient à l'esprit ce qui emballait mon coeur, j'avais l'impression qu'il allait exploser dans ma poitrine. Roman et moi avions vécus tellement de choses ensembles, il avait été mon premier amour. J'étais venue à Brest pour étudie, j'avais été loin de m'imaginer que je serais tombée amoureuse, bien sur on ne sait jamais quand ça nous tombe dessus mais en tout cas je n'y étais pas venue dans cette optique. Lorsque j'étais partie à Brest je m'étais dis que je ferais peut être deux ou trois rencontres sympas, mais pas une telle histoire. J'avais rencontré Roman peu de temps après mon arrivée en Bretagne et nous nous étions quittés lorsque j'avais dû repartir en Angleterre. Bien entendu j'aurais tellement voulu rester avec lui, mais cela avait été impossible. Je devais rentrer chez moi, et lui de son côté devais rester ici. J'avais vraiment passé trois belles années en Bretagne, et partir m'avait déchiré le coeur. C'est d'ailleurs grâce à Roman que j'avais si bien progressé en français. Au début, j'avais un accent détestable et petit à petit j'avais bien progressé, il m'avait beaucoup apporté. Etre séparer de celui qu'on aime... Je ne souhaite ça à personne, malheureusement on avait pas eu le choix. J'ai eu un véritable choc lorsque j'ai appris que j'étais enceinte, après réflexion j'ai décidé de le garder, et ma meilleure amie ainsi que mes parents m'avaient dis de le dire à Roman qu'après tout il était le père et qu'il avait le droit de savoir, et pourtant je n'ai pas pu m'y résoudre même si j'avais plusieurs fois pris le téléphone entre mes mains. Mais au final j'ai décidé de garder le silence, on ne pouvait pas être ensemble, j'étais en Angleterre, lui en France, et surtout il avait vingt et un an, je pense qu'être père à cet âge ne faisait pas du tout parti de ses plans. Je n'avais pas voulu le déranger avec cette grossesse, et pourtant plus de trois ans et demi plus tard, j'avais décidé de revenir pour reformer une famille. C'était la mort de mes propres parents qui m'avaient ouverts les yeux. Je voulais offrir une vraie famille à ma fille, elle a le droit d'avoir un père après tout, pourquoi ce n'était qu'à moi de décider pour elle? Pour le moment Lily ne me pose pas beaucoup de questions sur son père, mais peut être que lorsque qu'elle ira à l'école dans quelques mois elle commencera à se poser des questions en voyant ses camarades qui ont une maman mais aussi un papa. J'étais à présent devant le père de ma fille. Comment allait réagir Roman lorsque j'allais lui dire qu'il était papa? Comment j'allais expliquer ces années de silence? J'étais heureuse de le voir, vraiment... Mais cela m'angoissait vraiment. « J'ai reçu ta lettre. » C'est vrai je lui avais envoyé une lettre il y a de cela plusieurs semaines, lui ouvrant mon coeur en quelque sorte, je lui avais expliqué que je pensais encore à lui que je ne l'avais jamais oublié, sans parler de Lily. « Tu as des choses à me dire je crois... » Il avait tout à fait raison. J'avais pleins de choses à lui dire, à lui raconter, d'ailleurs lui aussi avait certainement des choses à me raconter après ses trois années passées loin l'un de l'autre. J'avais tellement de choses à lui dire que je ne savais pas trop par où commencer. J'avais envie de le harceler de question, mais je pense qu'il était peut être mieux que je parle en première. « Je ne sais même pas par où commencer... » Ma fille m'avait cramponné la jambe, je ne l'avais pas oublié loin de là, je l'a surveillais toujours du coin de l'œil. « Hello ! » Avait adressé ma fille à l'intention de Roman en rigolant. Elle était bien mouillée, à la maison, elle aurait le droit à une bonne douche chaude. Passant ma main sur sa tête je m'étais penchée vers elle pour lui murmurer à l'oreille de retourner jouer, pas besoin que je lui dise deux fois, elle sautillait déjà sur le sable en direction de la mer, mais elle continuait de nous regarder au loin. J'avais reporté mon attention sur Roman.

« J'aimerais tellement te prendre dans mes bras [...] mais je ne peux pas. » Cette déclaration me fit mal au cœur. Je regrettais de m'être réveillée si tard. J'aurais été naïve de penser qu'une fois de retour tout allait redevenir comme avant. Plus de trois ans avaient passé, il avait certainement refait sa vie. Je n'avais pas encore remarqué l'alliance à sa main. Il fallait que je lui dise ma raison de ma venue ici, j'avais envie qu'on revive quelque chose ensembles, mais au moins qu'on forme une famille avec Lily, elle avait le droit à un père, et Roman avait le droit de savoir qu'il était papa, même trois ans après... J'avais un peu peur de me lancer mais j'avais vraiment peur de sa r"action. J'avais tellement envie de lui sauter dessus sur le moment, mais déjà j'espérais qu'il ne parte pas en courant lorsque j'allais lui dire qu'il était papa... D'une petite de trois ans. « Je suis vraiment désolée d'arriver ainsi Roman. ça fait plus de trois ans et demi à présent, tu as vécu ta vie de ton côté, tu as dû passer à autre chose, mais j'avais vraiment besoin de te voir, de te parler... Une lettre n'aurait pas été suffisante... » C'est certain qu'une lettre pour lui annoncer qu'il était père était loin d'être une bonne idée, je préférais lui dire de face même si cela me terrifiais. « Je suis venue pour moi, mais pas seulement... Tu as ta vie à toi, je le sais, tu es surement avec une autre maintenant et elle aurait bien de la chance de t'avoir, mais... » Je soupirais sur une longue expiration; histoire de me donner un peu de courage, mais porter un regard sur Lily me fit sourire, elle semblait si heureuse, aller fallait que je me jette à l'eau. Je montra du regard Lily à Roman avant de lui dire. « Elle s'appelle Lily... Et... C'est ta fille....»

La souffrance était incroyablement liée à l'amour. Cette sensation de se prendre un couteau en plein cœur était ce qui pouvait arriver de pire. J'avais pleuré devant elle ce jour funeste à l'aéroport de Brest. Je me disais que ce départ avait engendré une suite de conséquences désastreuses: travailler sur l'économie, un mariage arrangé, un déménagement, une solitude pesante. Je me demandais si elle était restée ou revenue, il y aurait eu cette histoire de mariage. Non. J'aurais filé à l'anglaise, si je pouvais me permettre ce genre d'humour. En tout cas aujourd'hui je dérivais. Je me retrouvais en face de la seule femme qui comptait à mes yeux et à mon cœur et pourtant je me sentais prisonnier, attaché à quelque chose de lourd et de fastidieux: le mariage. Je n'osais rien lui dire à propos de ça. Tout ce que je voulais à présent c'était de savoir ce qu'elle voulait. Pourquoi une attente de trois ans avant de redonner des nouvelles du jour au lendemain? Car je n'étais pas dupe, je me doutais qu'il y avait une raison. J'avais posé mes affaires tandis que la petite fille s'était accrochée à ses jambes. Trop familière pour une baby-sitter... Du moins c'est ce que je pensais. Je ne fis aucune remarque la dessus préférant avoir mes réponses. Elle me déclarait ne pas savoir par où commencer. Était-ce si dur d'avouer? Était-ce si dur de dire une minimum de vérité sur le fait qu'elle soit à Carnac, aujourd'hui, à cette heure? Je ne savais pas si je devais cela à un simple coup de pouce du destin, mais bizarrement je ne me sentais pas à l'aise. La petite fille me regarda avant de me lancer un Hello à l'anglaise. Le même accent que sa mère à l'époque que je l'avais connu. Je me souvenais encore les longs moments où je l'avais aidé à parler dans un français correct. Qu'est ce qu'on avait rit. En tout cas la preuve était là, elle parlait dans un français à la limite de la perfection et je ne pus m'empêcher de lui en faire part: « En tout cas, ton français est resté tel quel, sans accent et tu n'avales plus certaines syllabes, à croire que j'ai été un bon professeur. » Je mis mes mains dans les poches par une certaine gêne.

Je laissais d'un côté mes compliments avant de reprendre le véritable fil de la conversation. « Dis-moi déjà pourquoi? » Je savais que je n'étais véritablement pas assez explicite dans mes propos. La petite fille alla plus loin pour continuer à jouer. Je posa mon regard sur mon ex-petite amie pour continuer la conversation. « Carnac. Drôle d'endroit pour te retrouver, j'aurais pensé que tu serais revenue sur Brest. Enfin, déjà tu as fait un énorme effort de revenir après trois ans. » J'aurais voulu mimer des applaudissements mais je me retins. Je n'étais pas tendre mais je souffrais tellement au fond de moi que mes mots sortaient avec l'amertume qui était restée enfouie depuis trois ans. Je me mis à regarder la mer, j'avais l'impression de me noyer dans mes sentiments, de ne plus respirer. Juliette devait être à la maison à m'attendre pour déjeuner. Je n'avais pas faim, j'étais épuisé. Pourquoi pensais-je à elle d'un coup? Je n'y pensais jamais. Je lui avoua que je ne pouvais la prendre dans mes bras comme par le passé même si mon cœur me disait de le faire, ma raison l'emporta largement. Elle voulait me dire des choses que l'on ne pouvait pas dire sur papier. Quoi donc? Un je t'aime aurait été largement suffisant mais rien, je pensais qu'elle m'avait oublié. Qu'en fait, je n'avais rien été, que je ne comptais pas à ses yeux. Mes mains n'arrêtaient pas de bouger dans mes poches comme moi. Je n'arrêtais pas de faire plusieurs pas sur le sable pour tenter de me calmer. Le fait qu'elle mentionnait que j'avais sans doute quelqu'un d'autre dans ma vie à présent fit exploser mon cœur. « Si tu étais restée tout aurait été différent! J'ai du me marier! De force pour faire plaisir à mon con de paternel! J'ai une femme que je n'aime pas, qui veut un bébé et qui n'arrête pas de me parler de ça à longueur de temps! Et un jour je reçois une lettre de ta part, me disant que tu veux me revoir! » Je lâchais tout ce que j'avais sur le cœur avant de la regarder droit dans les yeux, l'émotion me gagnant, j'avais du mal à parler. « Tu aurais dû rester. Tu n'aurais pas dû partir. Tu m'as laissé et je suis mort par ton abandon. » Je me considérais comme étant un homme sans vie, qui vivait juste car c'était sa voie. En vain, j'essayais de ne rien ressentir, de ne plus souffrir. Cependant se ... de sentiments était de la souffrance. Je vivais dans un cercle vicieux.

J'avais l'impression de mettre pris une gifle. Lily. Ta fille. Cela naviguait dans ma tête et je m'étais arrêté telle une statue vers Eleanor en la regardant les yeux ronds comme des billes. Le puzzle se mit en place, elle ressemblait énormément à sa mère et avait un air malicieux. Merde j'étais foutu si cela se savait à Brest. « Tu... » Avais-je commencé avant de ravaler difficilement ma salive. Une fille. J'étais père. Mon poing se serra. [color=steelblue]« Trois ans pour m'avertir? Très gentil de ta part. » Fis-je en prenant mes affaires sur la plage et de tourner les talons. « Je n'aurais jamais cru ça de toi. » J'étais sonné et surtout furieux.

Son compliment sur ma manière de m'exprimer me fit sourire, si je me débrouillais aussi bien c'était en grande partie grâce à lui. J'étais partie à Brest pour me familiariser un peu plus avec le français et j'étais presque repartie totalement bilingue. Il faut dire aussi que c'est beaucoup plus simple qu'en cours, car là je n'étais qu'entourer de personne qui parle le français alors c'est sur on apprend beaucoup plus vite. L'anglais et le français étaient les deux seules langues que je parlais parfaitement. J'ai étudié un peu l'espagnol mais je ne le parle pas parfaitement loin de là, mais j'ai de la chance, il y a certains mots qui ressemblent au français alors du coup ça aide. J'ai toujours rêvé de voyager, de prendre mon appareil et prendre des milliers de clichés tout aussi magnifiques les uns que les autres. Mais j'avais dû y renoncer, car maintenant je suis mère et je ne me vois pas voyer avec elle, peut être que lorsqu'elle sera plus grande je pourrais me le permettre mais pour le moment ma fille passe avant tout, je ferais tout pour elle. Elle est la plus belle chose qui me soit arrivée. Mon entourage me prenait pour une folle lorsque j'ai décidé de garder le bébé mais au final je m'en étais tout de même assez bien sortie, non?

« Si tu étais restée tout aurait été différent! J'ai du me marier! De force pour faire plaisir à mon con de paternel! J'ai une femme que je n'aime pas, qui veut un bébé et qui n'arrête pas de me parler de ça à longueur de temps! Et un jour je reçois une lettre de ta part, me disant que tu veux me revoir! [...] Tu aurais dû rester. Tu n'aurais pas dû partir. Tu m'as laissé et je suis mort par ton abandon. » Sa révélation me fit vraiment un choc, j'avais vraiment du mal à y croire. Alors comme ça il était marié? Il avait ajouté qu'il ne l'aimait pas mais tout de même, il s'était marié. Je venais de me prendre une gifle. J'avais craint qu'il soit avec quelqu'un, au final il était carrément marié. J'avais posé machinalement mon regard sur sa main gauche, pour vérifier ses dires. Il était bel et bien marié. Comme quoi, beaucoup de choses avaient changé en trois ans. J'aurais voulu rester à Brest mais ça n'avait pas été possible, je devais rester le temps de mes études, c'est tout je devais rentrer, j'avais même un poste qui m'attendais à Londres, et lui de son côté devais rester sur Brest. Qu'il ne pense pas que partir ne m'a pas déchiré le coeur car ça serait faux. J'ai eu énormément de mal à passer à autre chose, et encore si on peut dire, car je n'avais pas encore réussis à l'oublier, c'était inconcevable pour moi, c'était mon premier amour... Et son nom sera à jamais gravé dans mon cœur.

J'aurais tellement aimé qu'il prenne bien les choses, mais il ne fallait pas que je me voile la fasse, si les rôles avaient été inversés et que je me serais retrouvée à sa place je ne pense pas que j'aurais dis "mais c'est super", loin de là. Je ne savais pas comment il allait réagir mais dans ma tête j'espérais qu'il ne s'énerve pas trop, mais je me mettais le doigt dans l'oeil. « Trois ans pour m'avertir? Très gentil de ta part. . » Bon bah il ne prenait pas la chose si bien que ça, d'ailleurs il commençait déjà à prendre ces affaires. « Je n'aurais jamais cru ça de toi. . » C'est facile à dire mais il n'avait pas été à ma place, ça n'a pas été simple pour moi. « Mieux vaut tard que jamais, non?. » Lui avais-je répliqué alors qu'il avait tourné sur ces talons, je ne voulais pas qu'il parte en furie ainsi, nous avions besoin de parler et j'avais besoin de me justifier. Je l'attrapa par l'épaule pour le faire pivoter vers moi avant de lui déclarer : « Roman attend... J'imagine que tu es furieux contre moi. J'ai fais une erreur de ne t'en parler que maintenant, mais je suis venue jusqu'ici... J'aurais très bien pu ne jamais rien te dire mais j'ai décidé de me lancer. J'ai fais une erreur, je le reconnais, mais tout le monde en fait, la preuve tu as laissé ton père dicter ta vie au lieu de te rebeller. Tu as le droit de m'en vouloir, j'ai été égoiste, mais Lily n'y ai pour rien. . » C'est vrai j'ai été égoïste, je ne l'avais pas prévenu et je n'avais jamais jugé bon de lui en parler. Je voulais élever Lily toute seule, mais j'avais été égoïste de ne pas lui offrir la présence d'un père. C'était la mort de mes parents qui m'avait ouvert les yeux, mais je n'avais pas envie de lui dire. Peut être que si mes parents avaient toujours été vivant, je ne serait pas à Carnac, face à lui sur cette plage. « Tu crois quoi? Que ça a été une situation facile pour moi? . » Je soupirais pour me calmer. J'avais envie de lui aboyer pleins de choses au visage, mais je m'étais retenue, ça ne servais à rien de s'emporter, car même si ça m'énervais qu'il réagisse ainsi, je le comprenais. « Bref... Je voulais juste te dire que tu étais père, après c'est à toi d'en faire ce que tu veux... [....] Mais te prévenir avant aurait changé quoi Roman? Je devais rester en Angleterre et toi en France... Je n'ai rien voulu te dire, pour que tu tourne la page plus facilement. »

J'avais explosé. Littéralement. J'avais tout déverser sous un flot de colère. L'amertume était resté, je lui en voulais de m'avoir laissé seul dans ma Bretagne natale. Tout sortait et les révélations ne s'en faisaient que plus grande. J'étais père et le matin même en buvant mon café je ne le savais pas, j'ignorais l'existence de Lily qui était déjà bien grande. Trois ans, trois ans sans m'avoir averti. J'avais tout raté, les premiers pas, les premiers rires et ses premiers mots. Ainsi, j'avais l'impression de ne pas être son père, sauf par le sang. Je comptais partir. Partir de cette plage à souvenirs douloureux mais elle m'en empêcha, m'attrapant le bras pour ne pas que je prenne la fuite. Et puis quoi encore?! J'enlevai mon bras rapidement de son emprise avant de l'observer. Vaut mieux tard que jamais? Elle se moquait de moi? Ce n'était pas rien comme nouvelle! J'étais papa! Et même si j'avais une petite fille plutôt mignonne, je ne savais comment me comporter, déjà que je refusais de devenir père pour ma femme. Mon dieu il ne fallait pas qu'elle rencontre Eleanor ou Lily sinon ma tête serait mise à prix. En parlant de tête... Quand elle avait su que j'étais marié, Ely avait tiré une sale tête. Et oui, de l'eau avait coulé sur les ponts. J'étais devenu un artiste malheureux comme le disait souvent mon épouse. Je trouvais de moins en moins l'inspiration pour mes toiles. Même en regardant mon ex-petite amie j'étais aveuglé par la colère et le mensonge plutôt que par la créativité. Elle avait été ma muse par le passé, pendant des heures elle arrivait à me faire peindre et j'étais comblé. Puis tout s'arrêta. « Tu t'entends j'espère? Ce n'est pas quelque chose que l'on doit cacher en plus tu te doutais que j'aurais tout fait pour t'aider. Je t'aimais et j'aurais été prêt à tout claquer pour te rejoindre. » Je soupirais, las. « A croire qu'en fin de compte, tu ne voulais pas de moi dans ta vie londonienne. » Je la regardais droit dans les yeux. « J'espère au moins que tu m'as à un moment aimer, car à force je commence à en douter. »

Je ne voulais pas la blesser, ni même la faire pleurer mais c'est vrai qu'à force j'étais furieux et souvent dans ces cas là, mes propos dépassaient ma façon de penser. Je ne supportais pas quand elle me déclara que l'erreur était humaine et que la preuve même et que je n'avais pas réussi à tenir tête à mon père. Mon père. Connard, Macho et Violent. Ça me tuait à petit feu de savoir son emprise sur moi, même à une centaine de bornes je savais qu'il gardait un œil sur mon compte. Je le haïssais, autant que le reste de ma famille, je comprenais clairement pourquoi ma mère était partie. « Tu n'as pas le droit de me dire ça pour te justifier! » Fis-je d'un ton sec avant de reprendre. « Tu voulais peut-être que je lui tienne tête et qu'il me tue? Après tout pourquoi pas ça aurait été une solution. Mon père est un fou qui serait prêt à tuer pour obtenir ce qu'il veut! Je n'avais pas le choix! » Pourquoi m'expliquer sur mon mariage? Pourquoi devais-je me justifier? Oui certes, cela n'impliquait en aucun cas Lily, mais était-ce ma faute à moi? « Tu aurais peut-être préféré devenir toi-même Madame Roman Normant? Sérieusement, j'aurais cru qu'un jour, oui, tu m'appartiendrais mais cela n'a pas été le cas et je me retrouve menotté. » C'était la pure vérité, j'aurais voulu qu'on soit ensemble, mais cela n'avait pas été le cas et encore aujourd'hui j'étais rongé par les remords. Et voilà on allait vraiment se prendre la tête, chose qui avait été rarement fait quand on était un couple. Je leva les yeux au ciel, dans quel merdier je m'étais fourré. Il faudrait que je vois Loan absolument ce soir, il était un peu comme mon psychologue. « Je n'ai jamais dit une chose pareille! Mais moi je dis quoi à ma femme? ''Excuse moi, je pars, j'ai une fille de trois ans et le femme que j'ai toujours aimé est ici''? Je vais mourir si ça atteint les oreilles de monsieur tout puissant! » Alias, entre parenthèse, mon paternel.

Non, c'était sur je n'allais pas faire comme si de rien n'était, mais je ne savais pas quoi faire. Un signe. Il me fallait un signe! Je laissais de côté les paroles d'Ely – surnom que j'adorais employer – cela ne servait à rien de se répéter. Bon sang heureusement que la petite ne comprenait pas le français sinon elle aurait été traumatisé par tout ce qu'elle aurait entendu. Justement, mon regard était rivé sur elle. Elle était assise à dessiner dans le sable avec ses doigts. Par pure curiosité je m'approcha pour regarder le fameux dessin et Lily releva la tête en me souriant de ses dents de lait: « It's a bird. » Je n'avais pas franchement un bon niveau d'anglais mais je savais ce qu'elle voulait dire et je souriais avant de m'asseoir devant elle et de sortir mon carnet de croquis et un crayon de bois et de crayonner. Au bout de quelques minutes je lui montra. « A bird. » Elle avait les yeux qui pétillaient et je souriais. Tellement attachante, comme sa mère. Je relevais la tête vers Eleanor. « Excuse-moi pour ce que je t'ai dis. »

« J'espère au moins que tu m'as à un moment aimé, car à force je commence à en douter. »

Il y a une chose dont je n'avais jamais douté, c'était son amour envers moi. Il m'avait vraiment aimé, et il aurait certainement tout fait pour moi. Si je lui avais dis que j'étais enceinte, il aurait certainement tout fait pour que je ne manque de rien, mais je sais qu'il n'aurait pas pu me rejoindre à Londres, et le père de Roman y était pour quelque chose. Lorsque mes études s'étaient terminées, Roman m'avait parlé de me suivre, mais son père avait été catégorique, alors je doute que si j'avais été enceinte il serait venu à Londres, il en aurait eu sûrement envie mais il n'aurait pas pu à cause de son paternel. Autant dire que sa remarque m'avait fait un pincement au coeur, comment pouvait-il penser ça une seule seconde? J'espère que c'était la colère qui lui faisait dire ça mais qu'il ne le pensait pas. Je l'aimais, je l'ai aimé comme personne, et même encore à l'heure d'aujourd'hui il est dans mon coeur. Je l'ai dis, c'est mon premier amour, et cela ne s'oublie pas. Pendant ses trois années, je l'ai vu à travers ma fille, ils ont cette même intensité dans le regard. Elle adore dessiner, à croire que c'est héréditaire. Mais surtout, je lui ai donné Romane comme deuxième prénom, et ce n'était pas pour rien. Je n'ai jamais aimé quelqu'un aussi fort. A l'époque de mes études même si j'étais jeune, je savais que c'était lui le bon, mais je n'ai pas eu le courage de me battre pour qu'on soit ensembles. J'ai fais une erreur en lui cachant ma grossesse, en restant silencieuse pendant toutes ses années, mais qu'il ne me dise pas que je ne l'ai jamais aimé car c'est totalement faux.

« Je t'interdis de dire ça Roman, je t'ai aimé, je t'aimais plus que tout, et même encore aujourd'hui je t'aime toujours. Tu peux dire tout ce que tu veux mais je t'interdis de croire que je ne t'ai jamais aimé. »

J'avais certainement touché une corde sensible lorsque j'évoquai son père et ce fameux mariage. J'avais encore du mal à me faire à l'idée qu'il était marié. Marié? Même si ce n'était pas un mariage d'amour, il avait promis assistance et tout le tralala à sa femme devant pleins de personnes. Les choses avaient bien changé depuis que nous nous étions quitté ce jour là à l'aéroport. J'étais dans ses bras, il ne voulait pas que je prenne mon avion pour le nord de la France, mais j'ai dû me détacher de lui et partir. Si j'étais restée à Brest ou qu'il serait venu à Londres tout aurait été différent, peut être même que ça serait moi sa femme, j'en étais sure même, car lui et moi nous étions fais pour être ensembles, c'était ma moitié, mon âme soeur... Mais j'étais retournée dans mon pays et lui était resté dans le Finistère. De mon côté j'ai accouché de ma fille et je l'ai élevé comme je l'ai pu et lui de son côté s'était marié suite à la pression que lui infligeait son père... Voilà qu'on s'engueulait maintenant... Nous étions rarement tombé aussi bas. Dans notre couple il y a eu très peu de dispute, tout se passait pour le mieux...

« Tu aurais peut-être préféré devenir toi-même Madame Roman Normant? Sérieusement, j'aurais cru qu'un jour, oui, tu m'appartiendrais mais cela n'a pas été le cas et je me retrouve menotté.. »

Bien sure que j'aurais voulu être sa femme, mais le destin en avait souhaité autrement... C'était aux côtés d'une autre qu'il s'endormait chaque soir dans leur lit. Ça me faisait mal au coeur de penser à ça... J'avais mis trop de temps à me réveiller, et je m'en voulais. Malheureusement on ne peut pas faire marche arrière. C'était égoiste de penser ça, mais je souhaitais au fond de moi qu'il abandonne la vie qu'il mène aujourd'hui. Je voudrais qu'il parte, qu'il laisse sa femme et que nous partions vivre une vraie vie de famille tous les trois. Mais je ne pouvais pas le lui demander, c'était à lui de faire ses choix. Mais ce que je souhaitais c'était qu'il ne s'en prenne pas à Lily qui n'est pas du tout responsable des erreurs que j'ai fais. J'aimerais juste qu'il soit présent dans la vie de Lily, elle mérite un père comme tous les enfants, surtout que Roman ne s'est jamais mal comporté, je sais qu'il serait un père formidable. Roman ne m'a pas trompé il n'est pas parti avec une autre femme, il n'est pas non plus parti lorsque j'étais enceinte, rien de tout ça. C'était moi la fautive c'était moi qui suis partie à Londres et qui lui ai caché cette grossesse, je sais que si je lui en avais fais part, il aurait tout fait pour moi, je n'en doute pas.

Roman s'était éloigné de moi pour se rapprocher de Lily qui dessinait sur le sable. J'avais vraiment de la chance d'avoir une fille si adorable, elle fait des bêtises comme tous les enfants, mais elle reste relativement calme et obéissante. « It's a bird. »Voilà ce que j'ai pu entendre de loin, ce qui me fit sourire. Bien sur Lily parlait anglais, c'est sa langue maternelle après tout. Mais je lui ai tout de même appris quelques mots en français, après tout son père l'est. De là où j'étais je ne pouvais pas vraiment juger du dessin de ma fille. Mais Roman, juste à ses côtés le pouvait, il s'était même installé près d'elle ce qui me fit acquiescer un sourire. J'avais tellement envie que Roman et moi on fonde une famille pour Lily, elle avait le droit à une figure paternelle... Avant, c'était mon père qui faisait la représentation de la figure paternelle, mais maintenant il n'était plus de ce monde, tout comme ma mère... Lily n'avait plus que moi maintenant, mais également ma meilleure amie qui est tout de même bien présente, mais c'est tout. Voir Roman avec Lily me donnait tellement envie qu'on forme une famille, mais il n'y était pas obligé, après tout il a sa vie d'homme marié maintenant...

« Excuse-moi pour ce que je t'ai dis. . »

Il semblait sincère dans ses paroles. Mais il n'avait pas à s'excuser je comprenais sa réaction, j'aurais fais certainement pareil, si ce n'est pire si les rôles avaient été inversé.

« Tu n'as pas à t'excuser Roman, c'est moi qui ai été égoïste et longue à me réveiller... »

Je fis quelque pas en direction des deux personnes que j'aimais le plus au monde. Ils étaient vraiment adorables tous les deux. Le dessin de ma fille était beaucoup moins réussi que celui de Roman, mais qui sait? Elle deviendra peut-être une grande artiste plus tard? J'amenai mon appareil à mon visage pour prendre une photo de Lily et de Roman, la toute première. Il n'avait pas à s'en faire je n'irais pas montrer cette photo à sa femme ou à sa famille, mais je voulais cette photo au moins pour moi, et pour Lily. Peut être que nous allions devoir repartir et si jamais un jour elle me demande une photo de son père, je pourrais le lui montrer.

« It's very beautiful, Honey... »

Adressais-je à ma fille en essayant bien observée son oeuvre qui sera dans quelques heures effacé par les vagues. J'avais relevé la tête vers Roman pour lui déclarer.

« Elle adore dessiner, je dois avoir des milliers de dessins à la maison. »

La maison... ça me faisait bizarre de dire ça. Jusqu'à présent j'avais toujours habité dans la maison de mes parents, mais celle-ci avait brûlé. J'avais perdu énormément de choses dans cet incendie en plus de mes parents. J'ai pu récupéré des choses mais une bonne partie à brûler.