« MAMAN ! MADELEINE ECOUTE PAS CE QUE JE LUI DIS ! » « Madeleine, écoute ton frère, il est plus grand » « Mais ! C'est pas juste ! » Il lui tira la langue et attrapa la télécommande sans plus attendre. Enfants, lorsque leur petit frère était trop petit pour jouer avec eux, ils se chamaillaient tout le temps. Jules la protégeait des vilains garçons qui lui dirait ses couettes. Elle a toujours pensé qu'il était le meilleur des frères, toujours là pour elle. Elle a toujours aimé la taquiner lorsqu'il avait une petite amie alors qu'elle n'avait pas le droit dans avoir, sous peine que son frère le fasse passer à la casserole pendant un interrogatoire.

Tout à commencer par une coupure d'électricité et une omelette mal cuite. Gabriel venait d'arriver dans son nouvel appartement, juste à côté de Madeleine. Premier soir et manque de chance, les plombs ont sauté. Perdu, il est allé sonner chez sa voisine pour voir si cela venait de l'immeuble ou de lui, et c'est comme ça qu'il a rencontré Madeleine et son sourire. Elle lui a alors proposé de rester en attendant que l'électricien arrive. Elle a voulu lui faire à manger, elle qui se nourrissait de repas déjà tout prêt, et il s'est retrouvé avec une omelette ratée. Alors il lui a proposé de prendre le relais, lui qui savait cuisiner. Il leur à fait un véritable petit festin. Et puis l'électricien est arrivé et il est parti. À la grande surprise de la française, le lendemain soir il est revenu, comme tous les soirs de la semaine. Ils sont devenus amis et on finit par sortir de l'appartement pour aller boire un café ou aller danser ensemble. Madeleine l'adorait et un jour elle a décidé de l'emmener chez elle, chez ses parents. Là-bas il a compris pourquoi elle parlait rarement de sa famille, particulièrement de sa petite sœur atteinte d'une maladie rare, qui la ferait mourir avant qu'elle n'aille à l'université. Lorsqu'elle s'attacha dans la voiture, il en profita pour l'embrasser. « Gabriel... Tu... » Il l'embrassa à nouveau en souriant. « Y a des fois où tu parles trop Madou, le prends pas mal mais... » Tout ce qu'elle a fait c'est sourire et caresser sa cuisse doucement, heureuse comme rarement.

Être en couple avec son voisin ça a certains avantages, comme celui de pouvoir se voir très régulièrement. Gabi et Madeleine s'aimait comme peu de gens, ils adoraient passé du temps ensemble et riaient beaucoup. Un jour alors que cela faisait déjà deux ans qu'ils étaient ensemble, il l'invita dans un restaurant chic. « Non mais tu sais combien ça coûte un repas dans un restaurant pareil ? Et puis ma robe aussi t'as coûté une fortune, je le sais, je suis allée voir sur internet. » « Pour une fois, oublie le prix de tout mon coeur, une fois, pour moi. J'ai un salaire, on a des économies, des loyers d'avance de côté. Arrête de stresser. » Il la serra dans ses bras et l'accompagna jusqu'à leur table. Alors qu'ils allaient entamer leur plat, il se mit soudainement à genoux à côté d'elle. Madeleine le regardait, les larmes aux yeux, comprenant ce qui se passait. « Madeleine Lison Rousseau, je t'aime. De tout mon coeur et je veux faire ma vie avec toi. T'es la plus belle fille que je connaisse, la plus drôle, la plus douce, t'es parfaite mon amour. Tu veux bien m'épouser ? » La demoiselle a sourit jusqu'aux oreilles, comme disait sa mère et s'est contentée de l'embrasser pour lui répondre. Ainsi il passa doucement la bague autour de son doigt, faisant d'elle la future Mme Redwine.

Le projet du mariage était bien sérieux. Ils avaient même trouvé une salle pour célébrer cela, le modèle de pièce montée qu'ils voulaient et leur chanson pour leur première danse. « Mady, si je te demande un enfant, tu me dis quoi ? » Elle le regardait alors qu'elle était dans ses bras. « Je te réponds que je suis jeune pour avoir des enfants... » « Ouais... Je comprends, oublie. » « Tu me laisses finir ?! Je suis d'accord. Parce que je t'aime mais à une seule condition, on attends après le mariage. » « T'es plus vierge même si on arrête de faire l'amour maintenant... » « JE VEUX PAS ÊTRE ENORME ! » Ils se mirent à rire ensemble et il la serra dans ses bras, la remerciant pour tout ce qu'elle lui offrait et lui apportait.

En se levant ce jour là, Gabriel était effrayé, effrayé de ce qu'il allait demander à Madeleine. « Chérie ? Écoute, c'est important. J'ai deux billets pour Mumbai. » « On part en vacances ? » « Non, non. Écoute moi... On part vivre là-bas. Je pars et toi tu... tu viens avec moi. » « Quoi ?! Je peux pas... Emilie va pas bien... Tu le sais... Je peux pas partir... » La discussion dura une heure jusqu'à ce qu'ils en arrivent à la conclusion. « Je suis obligé de partir... » « C'est bon... Je... » Elle se leva et prit un sac. Elle commença à faire sa valise et partit, sans regarder en arrière. Arracher un pansement, on le fait toujours vide, ça fait moins mal, il paraît. Il paraît.

La mort de sa petite sœur avait tout bouleversé. Bien sûr, sa famille savait tous qu'elle allait mourir. Sa maladie l'avait encore plus paralysé les derniers mois avant sa mort. Madeleine avait passé le plus de temps avec elle, à sourire, à rire, à faire tout ce qu'elle pouvait avec ses frères et ses parents pour qu'elle soit heureuse et qu'elle réalise ses derniers rêves. Systématiquement, tous les soirs, en sortant de sa chambre, elle se mettait à pleurer, comprenant qu'elle allait partir, qu'aujourd'hui était peut-être la dernière journée où elle la voyait. C'était trop dur de voir sa petite sœur adorée comme ça. Elle aurait préféré que ce soit elle, elle aurait préféré qu'elle vive, qu'elle s'amuse, qu'elle court comme tous les enfants. Lorsque sa mère l'avait réveillé, elle et ses frères, pour les prévenir qu'elle partait avec leur père à l'hôpital ils avaient compris ce qui se passait, il savait que Émilie allait mourir, aujourd'hui. Étonnement, ce soir là, personne n'a pleuré. Les médecins ont dit qu'ils ne pourraient rien faire. Alors, ils sont tous allée dans la chambre avec elle, se sont mis dans son lit avec elle, comme ils faisaient tout le temps et ils l'ont serré contre eux, parlant de tout et n'importe quoi, comme ils savaient si bien le faire. Émilie a fermé les yeux et le bruit insoutenable de la machine a imposé le silence dans la salle. Ils se pensaient prêts, après toutes ces années mais ils étaient tous sauf prêts et Madeleine n'avait que son frère pour la soutenir, Jules était le seul à me comprendre après le départ de Gabriel...

« Mr Jules Rousseau ? Le C.H.U de Grenoble. Votre sœur, Madeleine, est ici. Vous êtes le seul numéro que nous avons. » « Je... J'arrive, le temps de venir et je suis là... C'est grave ? » « Dépêchez-vous. » Jules a laissé ses affaires et a prit la voiture. Il est arrivé à toute vitesse dans l'entrée et a tout de suite demandé à voir sa sœur. La vision fut difficile. Voir sa petite sœur adorée branchée à toutes ces machines... Il a trouvé le médecin, lui demandant ce qui s'était passé et si cela lui laisserait des séquelles. Elle ne pouvait pas mourir, pas maintenant, pas à peine quatre mois après la mort d'Emilie. Elle ne pouvait pas le laisser. Madeleine sortit de l'hôpital quelques semaines plus tard, complètement changée.

« Jules, je pars... En Bretagne. » « Je rends l'appartement, je quitte mon boulot, je règle quelques trucs et je te rejoint. Je t'aime petite soeur. » « Je t'aime Jules. Merci. »

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