« Un beau garçon que vous avez-là! » L'accent américain de l'infirmière était perceptible. Les larmes de joie des jeunes parents étaient attendrissante alors que la mère tenait son fils dans ses bras, le visage fatigué mais, tellement heureux d'avoir enfin cet ange devant ses yeux. Cette journée d'été serait sans nul doute la plus belle que les Redwine eurent pu connaître. Le jour de la naissance de leur premier fils. « Gabriel Jayden Redwine » La voix de la mère était un murmure parmi le léger brouhaha de la clinique. Pourtant, son mari l'avait fort bien entendu et avait acquiescé, signe de son contentement pour ce prénom qui seyait à merveille au petit être qui faisait désormais partit de leur vie. Un rayon de soleil, qui même en temps de plus, ne cesserait de les émerveiller.


Les années passent, s'écoulent et semble défiler à tout allure. Bien trop vite. On a pas le temps de voir ce qu'il se passe. Les parents Redwine ont eut la chance de voir leur fils grandir et s'épanouir, mais, il avait aujourd'hui dix-huit ans et tellement de projet en tête! Seulement, son rêve de photographe était inaccessible au USA, les universités étant bien trop cher pour une famille tel que la leur. Impulsif et téméraire comme il l'était, son choix fut vite fait. « Je pars en France, demain soir, comme prévu » Le regard fier d'un père, le regard mélancolique d'une mère et le sourire réconfortant d'un fils, le tableau familial parfait, attendrissant à souhait. Mais, il fallait bien un jour, qu'il prenne son envol. La France lui semblait être un bon appui pour réaliser son rêve, vivre une vie épanoui et, peut-être, qui sait, revenir vivre en Oklahoma un jour ou l'autre. La valise était déjà prête, là-haut, dans sa chambre qu'il avait gardé depuis sa naissance. Une chambre qui l'avait vu évoluer, ce qui lui paraissait soudainement incroyablement important: que tout ce qu'il avait vécu ici reste un souvenir intact. Geste affectueux, sa mère vint le prendre dans ses bras, un peu triste. Oui, une mère est toujours triste de voir son fils quitter le nid. Mais elle était fier aussi, qu'il ne reste pas vivre à leur crochets.


La peine, est un sentiment puissant, terrible et dévastateur. Lorsque celle-ci est réelle, elle peut tuer, nous détruire à petit feu si personne n'est là pour nous soutenir, nous aider. Voilà quelques temps que Madeleine & Gabriel s'étaient rencontrés, lors d'une coupure d'électricité, un repas loupée puis un festin offert par le jeune homme et de fil en aiguille, ils étaient devenus très proche. Ce soir-là, Gabriel avait pu faire la connaissance de la famille de Madeleine, il s'était souvent demandé pourquoi elle n'en parlait jamais. Mais, il comprenait mieux, avec la maladie de sa soeur. Pourtant, malgré le semi-choc qu'avait causé cette rencontre et le fait que Madeleine semblait triste, c'est ce soir-là que Gabriel crut bon de l'embrassé, alors qu'elle s'attachait dans la voiture. « Gabriel ... Tu... » Les mots étaient inutiles et la sensation de ce baiser lui avait tellement plut qu'il avait recommencer. Comme une futur addiction, il aimait déjà énormément ce contact. « Y a des fois où tu parles trop Madou, le prends pas mal mais... » Et elle lui sourit. Un sourire que, soudainement, Gabriel chérissait plus que tout au monde. Une image qu'il ne voulait perdre pour rien au monde.


Deux ans. Voilà deux ans que Madeleine & Gabriel étaient ensemble. A contrario de certains couples, ils faisaient de nombreuses choses ensemble, adoraient sortir, s'éclater et ils semblaient toujours aussi complices qu'à la base de leur amitié. Pourtant, quelque chose avait changé. Ce soir-là, Gabriel l'avait invité au restaurant. « Non mais tu sais combien ça coûte un repas dans un restaurant pareil ? Et puis ma robe aussi t'as coûté une fortune, je le sais, je suis allée voir sur internet. » Il leva légèrement les yeux au ciel, amusé par la réaction de Madeleine, à laquelle il s'attendait. Il fallait dire qu'effectivement il avait pas mal économisé et, ses parents l'avaient légèrement aidé. Mais, cette soirée en valait grandement la peine. « Pour une fois, oublie le prix de tout mon coeur, une fois, pour moi. J'ai un salaire, on a des économies, des loyers d'avance de côté. Arrête de stresser. » Oui, il avait envie qu'elle soit calme, sereine. Ce qu'il s'apprêtait à dire, il ne voulait pas qu'elle l'entende alors qu'elle était stressée. Ça gâcherait le moment. C'est alors qu'il jugea le moment opportun, posant un genoux à terre, regardant Madeleine dans les yeux, alors que déjà, les larmes affluaient. « Madeleine Lison Rousseau, je t'aime. De tout mon coeur et je veux faire ma vie avec toi. T'es la plus belle fille que je connaisse, la plus drôle, la plus douce, t'es parfaite mon amour. Tu veux bien m'épouser ? » Madeleine ne lui répondit pas réellement. Elle lui fit un énorme sourire avant de l'embrasser. Ce n'était certes pas un "oui" solennel. Mais, c'était la plus belle réponse qu'elle pouvait lui offrir. ll passa la bague à son doigt. Bientôt, elle serait sa femme.


Les préparatifs du mariage allaient bon train, beaucoup de choses avaient déjà été définis, pour le plus grand plaisir des deux tourtereaux qui semblaient être toujours en quasi-parfaite harmonie. Et, l'idée d'avoir toujours plus avec Madeleine lui traversa l'esprit. C'est pourquoi la question franchit la barrière de ses lèvres sans qu'il le veuille réellement. « Mady, si je te demande un enfant, tu me dis quoi ? » Elle le regarda, surement un peu interloqué par la question. Il fallait dire qu'il venait totalement de changer de sujet. Mais, la question l'avait longuement tarauder avant qu'il n'ose l'exprimer. « Je te réponds que je suis jeune pour avoir des enfants... » Une grimace légère déforma le visage de Gabriel. L'envie ne semblait finalement pas partagé. Mais, ce n'était pas tant important. Il était prêt à attendre, aux côtés de Madeleine, tout semblait possible. « Ouais... Je comprends, oublie. » On pouvait dire ce que l'on voulait, Gabriel était un peu déçu, c'est vrai. Avoir des enfants, qui plus est avec la femme de sa vie, il ne pouvait pas rêver mieux. « Tu me laisses finir ?! Je suis d'accord. Parce que je t'aime mais à une seule condition, on attends après le mariage. » Il arqua un sourcil, interloqué par la condition énoncé, ne comprenant pas trop pourquoi elle disait cela. Mais, il décida de le prendre sur le ton de la rigolade. « T'es plus vierge même si on arrête de faire l'amour maintenant... » Elle sembla le dévisager, comme si s'était évident. « JE VEUX PAS ÊTRE ENORME ! » Gabriel éclata de rire. Rire qui fut de suite accompagné par celui de Madeleine avant qu'il ne l'a prenne dans ses bras. Cette femme était pour lui un véritable rayon de soleil et il ne se voyait pas la quitter de si tôt.


Le soleil filtrait à travers les rideaux de la chambre et Gabriel fut réveillé avec une boule au ventre. Aujourd'hui risquait d'être un jour assez spécial pour lui, comme pour sa futur femme. Il avait une requête à lui soumettre, quelque chose de difficile. Mais, il devait lui demander. « Chérie ? Écoute, c'est important. J'ai deux billets pour Mumbai. » Elle sembla un peu étonné, mais, visiblement, le point auquel il voulait en venir ne lui sautait pas aux yeux. « On part en vacances ? » Gabriel secoua la tête négativement. « Non, non. Écoute moi... On part vivre là-bas. Je pars et toi tu... tu viens avec moi. » Ses entrailles semblaient se contorsionner en lui, l'appréhension face à sa réponse était grandissante et il avait peur qu'elle refuse de partir. « Quoi ?! Je peux pas... Emilie va pas bien... Tu le sais... Je peux pas partir... » Laissant ses bras tomber, ballant, il fit la moue. Il était obligé de partir mais, il ne voulait pas être loin de Madeleine. Le dilemme était rude et l'issue sans séquelles semblait impossible. « Je suis obligé de partir... » Il vit le visage de Madeleine se décomposer comme s'il venait de dire qu'il avait commit un meurtre. Et bien oui, il avait l'impression d'abattre son coeur, d'être un monstre horrible. « C'est bon... Je... » Elle tourna les talons, partant faire son sac. L'espace d'un instant, il eut l'envie de la retenir, de lui dire qu'il resterait, pour elle, parce qu'il l'aimait trop. Mais, quelque chose l'en empêcha. Il l'a vit quitter leur appartement, sortir de sa vie. C'était fini. Et son coeur se serra. Il souffrait tellement qu'il aurait préféré mourir.


Gabriel venait de mettre quelques vêtement dans son sac, avec son ordinateur, son portable, bref, ce qui était important d'emmener et laissa plus des trois quart de ses affaires là-bas. Il venait d'apprendre pour Madeleine et avait immédiatement préparé ses affaires pour la rejoindre. Cependant, une voix l'interpella avant qu'il n'embarque. « Hey! Gab', tu me fais quoi là? Tu ne peux pas nous laisser comme ça » Au cours de son périple, Gabriel était allez dans beaucoup de pays, et était revenu à Mumbai il y a peu. Mais dans tout ce long chemin, cette jeune femme blonde avait été son plus grand soutient. Elle l'avait écouter geindre, elle l'avait laissé boire, elle l'avait soutenue, bref, elle avait même écouter attentivement tout ce que Gabriel avait pu dire sur Madeleine, cependant, elle ne semblait pas vouloir qu'il s'en aille. « Je pars. Madeleine a eut un accident et ... il faut que j'y aille » Il tourna les talons mais fut bien vite rattraper, la fine main attrapant son poignée. Gabriel lui fit face, la scrutant, un peu étonné qu'elle le retienne tant. « Part pas, s'il te plaît. Elle en vaut pas le coup, Gab'. Elle t'a fait souffrir, ne t'a plus donné de nouvelles. Elle ne vaut pas le coup que tu souffres comme ça. Je t'ai écouté parler d'elle sans cesse depuis plusieurs années, et plus tu en parlais plus tu semblais triste! Si tu savais à quel point je la déteste! A quel point je la hais pour le mal qu'elle te fais. Reste ici, reste avec moi. » Gabriel avait eut un moment d'hésitation, un millième de seconde, il avait hésité. Failli rester à Mumbai avec sa meilleure amie. Pourtant, malgré son regard implorant qu'il reste. Malgré toute l'énergie qu'elle avait déployé pour le rattraper, il ne fit que s'approcher d'elle pour embrasser son front. « Je l'aime, tu comprends? » Lui offrant un sourire désolé et un regard plein d'amitié, il tourna les talons, lui rappelant de rapatrier ses affaires en Bretagne. Puis, il monta dans l'avion, prêt à faire face à Madeleine, sans vraiment savoir si elle lui parlerait, si elle avait refait sa vie ou quelque chose du genre. Mais, peu lui importait, il voulait seulement qu'elle aille bien, pour le moment.

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