« Tu m'avais dis que tu ne me quitterais pas. » Mes larmes coulaient tandis que mes mains étaient posées sur ses joues. C'était il y a trois ans, je n'avais que vingt-et-un ans mais je savais que c'était elle celle qui me fallait, la femme qui faisait chavirer mon cœur. Ses yeux étaient embrumés par les larmes. Dans l'aéroport de Brest, je crus que nous étions seuls au monde. Je voulais la retenir, je voulais lui dire combien je l'aimais. Mon cœur souffrait, je n'avais jamais ressenti ça pour quiconque. Elle avait réussi à me faire sortir de ma coquille avec son humour nul et son sourire et rire contagieux. On me l'enlevait. On m'enlevait ma Eleanor que j'aimais tant. Je savais qu'elle devait partir, mais cette pensée me brisait le cœur. Elle avait finit ses études et devait rentrer à Londres. Je voulus la suivre, mon père refusa, elle aussi d'ailleurs. « Roman, mon avion va décoller. » Je la serrais encore plus fort dans mes bras. Ma princesse. Elle prenait un avion pour le Nord de la France avant de prendre l'Eurostar et elle me laissait ici, seul. « Roman... » Elle se retira de mes bras. « Dis-moi juste que tu reviendras. » Elle me sourit mais ne promis rien, après tout, elle ne reviendra jamais, je le savais au fond de mon être, mais je crevais d'amour pour cette petite anglaise. Son français était devenu parfait et je me souviendrais toujours de nos heures ensemble et surtout de ce dernier regard...

Un zombie, voilà ce que j'étais devenu. Je dessinais, sans cesse. Mon frère se moquait de moi me traitant de fillette. Faut dire, lui était un vrai connard avec les filles. Mon père me disait d'étudier plus, toujours plus si je voulais une vie digne du nom de notre famille. Ma mère était partie en disant que mon père était un fou. Elle nous envoyait des nouvelles pour nos anniversaires et pour Noël. Mon père disait que ce n'était qu'une catin. Je vivais dans un monde que je haïssais. J'exprimais juste par la peinture. Peinture que je regrettais un fameux soir. 10 Août 2009. Mon père avait encore organisé une soirée hautaine et je me sentais mal à l'aise. Une fille m'aborda, jolie mais pas aussi jolie qu'Eleanor. « Il paraît que tu es un artiste malheureux? » Je la regarda avant de boire mon verre, ne bronchant pas un mot. Sa robe était un peu courte. Elle a quoi? Dix-huit ans? Ce n'est pas une fête pour elle. « Dis-donc, tu n'es pas très bavard... » Fit-elle avant de passer sa main sous ma ceinture en me murmurant qu'il faudrait que je me relaxe. Je la repoussa. « Tu es complètement folle! » « Oh... mon futur mari serait-il puceau? » Je m'arrêta dans ma marche pour sortir du pavillon. Elle avait dit quoi? Je la regarda, une bague de fiançailles scintillait à son doigt. « De...de quoi? » « Ton père ne t'as rien dit? Je suis Juliette Charley, fille de James Charley et nos familles vont s'unir grâce à nous. » Elle avait un sourire en coin. J'étais resté stoïque, je ne voulais pas de ça. Je m'avança rapidement vers mon père avant de le pousser. « Tu es complètement malade! Je refuse une telle bêtise! » « Tu feras ce que je te demande. » Son regard me pétrifia.

Je pensais à ma Eleanor. Un an sans nouvelle et me voilà au pied de l'église.

14 Décembre 2010. Les cloches de l'église de Brest sonnèrent. Je sortais avec ma femme. Je n'avais pas l'air d'un marié heureux et cela se voyait. Je jouais le rôle du genre idéal mais j'avais besoin de prendre un nouvel air. Deux jours plus tard, je déclara à Juliette que je voulais que l'on parte. Elle a rit en me disant que c'était une idée stupide. Eleanor ne reviendrait pas, je ne voulais pas rester dans cette ville hantée de mes souvenirs. « J'irais avec ou sans toi. » Je la regarda longuement et elle capitula. On emménagea à Carnac février 2011. Mon père exerça toujours sa pression même à un département d'écart. Mais je sentais mon âme s'apaiser.

Un soir, Juliette passa ses bras autour de mon cou en me murmurant qu'elle voudrait un bébé de nous deux. « Tu m'aimes? » « Oui. » Ce n'était qu'un mensonge car même si le souvenir s'estompait, le visage d'Eleanor illuminait mes pensées. J'enlevai le bras de Juliette. « Mais pas maintenant. » Un bébé. Non. Le mariage avait été suffisant. Elle devint de plus en plus insistante par la suite et je refusa. Un jour je reçus une lettre. Eleanor était revenu en France et me cherchait. Mon adresse, mon frère lui avait donné.

La roue tourne...

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