« Ma chérie, tu vas bientôt être grande sœur. » Klervi-Malo n'en revenait pas, du haut de ses sept ans on lui avait promis une surprise et non pas une nouvelle qui allait littéralement changer sa vie. Son copain Loïc lui disait que les gens qui avaient beaucoup d'enfants était des lapins, est-ce que c'était le cas de ses parents ? Très certainement. La moue boudeuse, elle jeta un regard à son père qui avait un grand sourire pendant que sa mère avait la main posée sur son ventre encore plat. Un bébé, cela allait être beaucoup de bruit dans la maison et surtout elle n'aurait plus la place de petite dernière, céder sa place n'était pas dans ses priorités.
« Tu vas avoir soit deux petits-frères, deux petites-sœurs ou un de chaque. » Là, c'était le fond du fond, elle regarda ses parents avant de partir pour s'enfermer dans sa chambre pour pleurer tranquillement sans que personne ne vienne ne la déranger. Leur vie de famille était déjà assez bien rempli comme cela, pourquoi en plus rajouter deux membres qui allaient strictement servir à rien ? C'était une très bonne question. Avec les boutiques de fleurs qui marchaient très bien, leur père qui voyageait souvent pour ouvrir des succursales partout à travers le pays et la lubie de sa mère avec ses associations, il n'y avait plus de place. Attrapant sa peluche, elle se laissa tomber sur le lit et tourna le dos à la porte, elle savait très bien que son père n'allait pas tarder à venir lui faire la leçon ou un truc du genre. Des parents, le plus pointilleux c'était lui, même s'il se montrait aussi très souvent plus large d'esprit. Son cœur manqua plusieurs battements quand elle entendit le battant de bois s'ouvrir et quelques secondes plus tard, son matelas s'affaisser légèrement sous le poids de la personne qui venait d'entrer.
« Klervi, des bébés c'est une très bonne nouvelle, non ? » Il était bien marrant, cela dépendait du point de vue de la personne concernée, un bébé était d'être une bonne chose pour elle, ça faisait du bruit et surtout ça demandait beaucoup de temps aux parents.
« Je sais pourquoi vous avez voulu avoir d'autres enfants. » « Et pourquoi donc, mademoiselle ? » Klervi-Malo se redressa légèrement et planta ses yeux dans ceux de son père.
« Parce que vous ne m'aimez plus, maman elle n'arrête pas de me disputer et tu ne joues plus au foot avec moi depuis très longtemps... C'est pour ça, avec de nouveaux bébés, ça sera plus facile de me laisser toute seule. » Le père de famille ne s'attendait pas à ce genre de réflexion de la part de sa fille de sept ans, surtout que pour le temps passer avec elle de son côté, elle n'avait pas réellement tord. Il soupira et passa une main dans ses cheveux avant de répondre.
« Tu sais que je travaille beaucoup ma puce et ta mère est très fatiguée entre sa grossesse et les boutiques, ce n'est pas parce que nous t'aimons moins que nous voulions avoir de nouveaux enfants... C'est même le contraire, c'est parce que nous avons encore beaucoup d'amour à donner. » Ça n'avait pas réellement de sens pour la petite fille qui regardait toujours son père avec un air assez renfermer. S'ils avaient encore tant d'amour à donner, pourquoi ne le réservaient-ils pas pour ses frères et elle, cela aurait été beaucoup plus simple.
« Votre amour vous auriez pu le donner à Erwann, Brieuc ou moi... Ou pourquoi pas à un petit chien tout beau ? Cela aurait été beaucoup plus marrant. Les bébés ils vont prendre tout votre temps et vous ne pourrez plus vous occuper de moi comme avant, c'est ma copine Annaig qui me l'a dit. Sa maman a eu un bébé et elle passait presque tout son temps avec lui, alors avec deux, je serais toute seule. Surtout que vous n'avez déjà pas beaucoup de temps, on ne pourra même plus jouer au foot. » Une petite idée avait germer dans sa tête et elle savait que si son père continuait sur la lancer, elle obtiendrait peut-être ce qu'elle voulait.
« Je te promets que nous ferons tout notre possible pour toujours passer du temps avec vous après l'arriver des petits... Puis tu verras, tu deviendras rapidement une grande sœur très heureuse. Avec ta mère nous avons parlé de la possibilité de t'offrir le cadeau de ton choix pour fêter ce passage. » Bah alors là, il lui mâchait littéralement le travail, elle n'allait pas devoir sortir l'artillerie lourde pour le convaincre et en voyant le petit sourire sur les lèvres de sa fille, Gaël eu envie de se mordre les doigts.
« Je sais ce que je veux alors, un chien, un husky avec les yeux bleus comme le ciel. » Au moins, ces bébés n'allaient pas servir à rien au bout du compte.
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[colotr=coral]« Sache, jeune fille, que je ne permettrais jamais à ma fille de sortir habiller ainsi. »[/color]
« Ah, tu préfères sûrement que je m'habille comme la fille des Le Bihan et que j'aille faire le trottoir du côté du centre-ville ? » Le regard plein de malice, Klervi regardait sa mère avec un petit sourire sur les lèvres, tout le monde savait dans le coin que Zelie était loin d'être un ange. Voyant que sa génitrice n'avait rien à redire, elle attrapa son sac et sortie de la maison comme-ci de rien n'était et marcha jusqu'à l'arrêt de car. Beaucoup de voisins avaient un regard indigné en la voyant passer, mais elle s'en fichait bien, être en noir lui permettait de se démarquer de beaucoup de ses camarades. Surtout que cela ressortait drôlement avec la couleur blonde platine qu'elle avait choisi de se faire derrière le dos de ses parents. Rebelle ? Légèrement et elle le revendiquait haut et fort. Cela ne plaît pas ? Les gens n'ont qu'a regardé ailleurs, voilà ce qu'elle se disait à chaque fois qu'un regard trop insistant se faisait sur elle. Le dimanche précédent elle avait été à la messe en famille et elle avait bien cru que le prêtre allait faire une attaque cardiaque en la voyant affubler ainsi. Retenir son fou rire avait bien été difficile. Le plus grand avantage et que ses cadets ne rentraient plus dans sa chambre comme dans un moulin, ils avaient littéralement peur de sa nouvelle façon de s'habiller. Comme quoi le gothique avait de très bons côtés. Le fait qu'elle s'habille ainsi avait fait tout de suite penser à sa mère qu'elle avait des idées noires en tête et qu'elle allait peut-être s'amuser avec le chat du voisin pour des expériences complètement dingue. Cela l'avait fait rire et quand elle l'avait raconté à ses amis, ceux-ci avait encore une fois compris que la mère de la jeune femme était un peu folle. Quant à son père, il lui avait permis de s'habiller ainsi, mais il avait drôlement réagi en voyant sa nouvelle couleur de cheveux. Elle avait le droit de se démarquer, avoir la place de l'enfant du milieu dans une famille, ce n'était pas facile. C'est deux frères aînés étaient toujours fourrés ensemble et les faux-jumeaux de dix ans aujourd'hui ne faisait rien sans l'autre. Elle se retrouvait donc seule avec trois couples autour d'elle, pas facile à vivre. Arriver à l'arrêt de car, elle s'installa sur le banc en attendant son bus et en souriant discrètement devant le regard interrogateur de ses camarades. Une fille en particulier, une populaire avait les yeux pleins de dégoût.
« Quoi ? J'ai quelque chose de coincer entre les dents ? Ah j'ai compris, tu es tellement jalouse de moi que tu souhaiterais que je te donne quelques conseils beauté, mais non, je n'ai pas envie. Donc si ça ne te dérange pas, regarde plutôt de l'autre côté de la rue, il y a un beau gosse qui te dévisage de la tête aux pieds. » Cette dernière essaya de tourner discrètement la tête vers le trottoir d'en face et grimaça sans aucunes gênes en voyant l'homme dont lui avait parlé Klervi. Il s'agissait de Mr Lefevre, un octogénaire qui avait toujours un grand sourire devant les jeunes filles de leur âge. Cette journée commençait décidément bien.
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Les pieds sur la table de ferraille et le regard dans les nuages, Klervi était en train de se demander à quoi pouvait bien rimer sa vie. Elle avait vingt-trois ans et elle n'avait rien fait de bien éloquent de sa courte existence. Il lui restait encore du temps, mais on ne savait jamais de quoi était fait un lendemain et vraiment là, c'était du misérable jusqu'au bout des doigts. Bien entendu, elle arrivait facilement à mettre sa mère en rogne, elle mettait toujours aussi facilement son père dans sa poche et elle avait le coup d'envoyer balader ses cadets comme personne. C'était de belles choses, mais elle ne s'était pas imaginer en train de travailler dans l'une des boutiques de ses parents, à vendre des fleurs à des mecs plein d'amour pour leur dulcinée. Surtout qu'elle, côté coeur, c'était un peu désertique, même si ce dernier battait depuis un bon bout de temps pour quelqu'un. Mais la réciprocité n'était pas de mise, tout du moins il ne faisait rien pour lui faire comprendre qu'il ressentirait quelque chose pour elle, puis il avait déjà une petite-amie. D'accord ils avaient déjà coucher ensemble, mais cela ne voulait rien dire, ils étaient fatigués et seuls dans le magasin après la fermeture. Une simple pulsion qui lui avait donner le médiocre espoir qu'il pourrait y avoir encore quelque chose entre eux. Mais non. Puis il allait bientôt partir, son contrat allait prendre fin et bien que ses parents voulaient le lui renouveler il n'était pas certain de vouloir rempiler pour six mois. Travailler en tant que livreur ça n'avait rien de bien glorieux, même si c'était pour payer ses études. Combien de fois elle avait voulu le tuer à cause de cela, du regard de sa mère lui disant qu'elle devrait suivre son exemple et aller elle aussi à l'Université. Elle avait été une bonne élève, elle avait même eu son bac avec mention, mais aller sur un campus pour être encore enfermer pendant des heures dans des salles c'était très peu pour elle. La liberté, voilà ce dont elle avait véritablement besoin.
« Salut Guivarch ! » Klervi se redressa et lança un regard au jeune homme qui hantait ses pensées et qui venait de faire son entrée sur la petite terrasse à l'arrière de la boutique.
« Salut toi, je savais pas que tu commençais aussi tôt aujourd'hui. » Il se laissa tomber à côté d'elle et passa un bras autour de ses épaules, un sourire enjôleur sur les lèvres. C'était une chose qui déstabilisais toujours la jeune femme, il avait des gestes envers elle qu'il ne devrait pas avoir et il faisait comme-ci de rien n'était. Après tout c'est bien lui qui avait dit qu'il ne regrettait pas le moment qu'ils avaient passer ensemble, toutefois il lui avait fait comprendre que cela ne devrait pas se reproduire et que personne ne devrait le savoir. Ça lui avait littéralement briser le cœur.
« Alors qu'est-ce que tu fait là ? » « Pierre est malade et comme ta mère m'a gentiment demander de le remplacer, je n'ai pas pu refuser. Puis ça me fait une coupure avec le campus. En fait, je voulais savoir, tu as quelque chose de prévu ce soir ? » Bonne question, que devait-elle bien répondre a ça ? Reposant ses pieds sur le sol avant de se relever et de s'étirer un peu, il y avait plus d'une demi-heure qu'elle était en pause. Elle s'approcha de la porte et stoppa avant de retourner travailler.
« Je ne sortirais pas avec toi, ce n'est pas toi qui a dit que l'on devait oublier et faire comme-ci de rien n'était ? Sauf que moi je n'y arrive pas quand tu est avec moi, c'est beaucoup trop dur de faire semblant et de ne pas être franche. Alors ce soir je sort avec des amis, je vais sûrement me saouler et me taper un mec dont je ne connaîtrais rien. Voilà ce que je vais faire. » Elle la salua comme-ci de rien n'était et rentra dans la boutique avec un sourire de contenance sur les lèvres, faire fuir les clients ne serait pas une bonne idée.
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